St. John Lucas, comp. (1879–1934). The Oxford Book of French Verse. 1920.
François Villon 1431–?
36. Ballade
Que Villon feit à la requeste de sa mere pour prier Nostre-Dame.D
Emperiere des infernaux paluz,
Recevez moy, vostre humble chrestienne,
Que comprinse soye entre vos esleuz,
Ce non obstant qu’oncques rien ne valuz.
Les biens de vous, ma dame et ma maistresse,
Sans lesquelz biens ame ne peut merir
N’avoir les cieulx, je n’en suis jungleresse.
En ceste foi je vueil vivre et mourir.
De luy soyent mes pechiez aboluz:
Pardonne moy comme a l’Egipcienne,
Ou comme il feist au clerc Théophilus,
Lequel par vous fut quitte et absoluz,
Combien qu’il eust au deable fait promesse.
Preservez moy, que ne face jamais ce,
Vierge portant, sans rompure encourir
Le sacrement qu’on celebre à la messe.
En ceste foy je vueil vivre et mourir.
Qui riens ne sçay; oncques lettre ne leuz;
Au moustier voy dont suis paroissienne
Paradis paint, où sont harpes et luz,
Et ung enfer où dampnez sont boulluz:
L’ung me fait paour, l’autre joye et liesse.
La joye avoir me fay, haulte Deesse,
A qui pecheurs doivent tous recourir,
Comblez de foy, sans fainte ne paresse.
En ceste foy je vueil vivre et mourir.
Vous portastes, digne Vierge, princesse,
Iesus regnant, qui n’a ne fin ne cesse.
Le Tout-Puissant, prenant nostre foiblesse,
Laissa les cieulx et nous vint secourir,
Offrit à mort sa tres chiere jeunesse.
Nostre Seigneur tel est, tel le confesse,
En ceste foy je vueil vivre et mourir.